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Des enregistrements de musique indienne à télécharger

Parmi les sitaristes de la première moitié du 20e siècle, Lachman Bhattacharya est parmi les moins bien connus. Peu d'enregistrements subsistent encore. En voici un, deux faces de 78t avec raag Bhairavi dans un style qui a disparu a tout jamais:

Lachman Bhattacharya: Bhairavi

 

Ustad Bundu Khan Saranginawaz

SANGIT VIVEK DARPAN

La page en hommage

La Musique de L'Inde du Nord


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Hans Bosma, le responsable de la discothèque, lors d'une réunion informelle d'amateurs de musique indienne à Paris au cours de l'été 2004

Hindustani Sangit

Depuis la fin des années soixante je joue du sitar, un des instruments les plus connus de la musique classique de l'Inde du Nord. Je suis depuis 5 ans élève de Sri Kushal Das, un des sitaristes le plus en vue actuellement.

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Le blog des concerts à Paris :

 

Le 21 septembre 2006, Musée Guimet, Sumitra Guha

Ashok Mukherjee au tabla et Murad Ali au sarangi

C'est la première fois que je vois en concert le jeune joueur de sarangi Murad Ali, fils de Ghulam Sabir, vieux ustad donc la carrière a été beaucoup trop discrète . C'est avec plaisir qu'on voit un jeune joueur de sarangi qui accompagne avec délicatesse et sens musical. Cela paraît évident mais hélas ce n'est pas courant. Il n’y a dans la jeune génération que dans le jeu de Kamal Sabri qu’on retrouve  le son délicat de son génial père Sabri Khan. Où sont les héritiers de Gopal et Hanuman Misra, de Bundu Khan, de Hamid Hussain, de Ghulam Mohammed ? Enfin, voici donc un autre jeune joueur de sarangi. Excellente nouvelle.


Sumitra Guha est pour l’essentiel une disciple de A.T. Kanan et de son épouse Malavika, bons chanteurs du gharana de Kirana. Elle poursuit une carrière assez discrète entre Calcutta et Delhi. Son gayaki est solide avec une technique impeccable.
Premier raag : Kedar. Après un alap très court une composition personnelle en vilambit ektal. La voix n’a pas besoin de chauffer et le début est très prometteur. Après une dizaine de minutes on réalise cependant une lente baisse d’intensité. Le sarangi est là heureusement avec un jeu très délicat. Le vilambit traîne encore un peu et la décision de passer au madya tintal est le bienvenu. Enfin, c’est décevant tout de même. Le bandish suivant est une grande classique : kanha re nanda nandana, chanté par, entre beaucoup d’autres, D.V. Paluskar et Nissar Hussain Khan. On retrouve un nouvel élan avec des gamakas très élaborés. Technique impeccable en effet. Une autre composition en drut ektal (ratia more, mais je ne suis pas sûr. J’ai cru reconnaître le célèbre  kanha re nanda nandana , composition de Kale Khan du gharana de Patiala mais il doit s’agir d’une variante. Cette partie drut était assez réussie avec une belle virtuosité.
Dans le raga suivant Hansadwani on entend bien les origines carnatiques de Sumitra Guha. La première composition, dédiée à Sarasvati, a un parfum carnatique indéniable. C’était parfois même troublant d’entendre tant d’éléments de l’Inde du Sud. Avec le célèbre lagi lagine on entre dans des eaux plus habituelles mais un certain manque d’épaisseur se fait jour. Il manque visiblement de la profondeur dans tout ce programme. Il y a de bons moments mais la musique ne décolle pas vraiment.
Les deux bhajans de Mirabai et de Sur Das sont de trop, surtout le Sur Das est bâclé, les changements de raga tombent parfaitement à plat. Ah oui, le joueur de tabla était discret, donc très bien.
Ce début de saison parisien est assez timide. On peut espérer des moments de plus grande intensité.

 

Le 5 juin 2006, Théâtre de la Ville, Rajan et Sajan Misra,

Daram Nath Misra à l'harmonium et Sanju Sahai au tabla

 

Le raag Bihag annoncé commence par un alap très court, le temps d'échauffer les voix. L'apport de Sajan Misra est minime. Le bandish qui suit est baje re mori payala, une très belle composition traditionelle que l'on entend assez souvent. Elle est chanté dans plusieurs gharanas et des chanteurs aussi différents que Bhimsen Joshi et Ashwini Bhide l'ont enrégistré. Dans cette composition le sam se situe sur le meend N'P: (PmMGSN'SN'P') ce qui ramène les phrases mélodiques dans le régistre grave et crée ainsi l'atmosphère posée et grave si typique de Bihag. Quelques problèmes d'équilibre sonore (harmonium à peine audible et tabla trop fort) gènent un peu, surtout que l'accompagnement du tabliste n'est pas très raffiné. Le vilambit cependant s'installe bien, grâce surtout aux interventions de Rajan Misra. Il propose des figures mélodiques d'une grande richesse. Le tarsaptak (régistre aigu) est peu exploité. On monte péniblement au Ma pour vite redescendre dans le madya saptak. Les gamakas qui suivent ne sont pas d'une très grande originalité mais tombent parfaitement bien. Les taans virtuoses ne sont pas la spécialité des deux frères et d'ailleurs leur absence ne gêne aucunement dans le vilambit.

La composition suivante est une autre grande classique: lat uljhi suljhaja balama, elle aussi chantée par un grand nombre d'artistes d'écoles différentes. L'intensité baisse sensiblement, surtout à cause des soli de tabla qui gênent considérablement. L'arrivée des solos de tabla dans les concerts de chant, chose que l'on doit aux instrumentalistes, n'est pas une évolution positive. On ne peut qu'espérer la disparition la plus rapide de cette manie très ridicule. Les grands tablaistes de l'ancienne génération comme Samta Prasad, Afaq Hussain Khan et autres n'avaient nullement besoin de jouer quelques paltas pour prouver qu'ils étaient des ustads.

La tarana: da tire tire din tana te na qui termine le raag a beaucoup de mal à décoller. Un tarana qui n'est pas accompagné par des taans manque cruellement d'intéret. Il ne suffit pas d'alligner les syllabes. On est très loin des grands taranas d'Amir Khan ou, plus près du style des deux frères, les taranas du gharana de Rampur.

Le deuxième raag au programme est Jhinjoti. Le raag Jhinjoti est plus souvent joué par des instrumentalistes que chanté. Les concerts avec Jhinjoti comme premier raag sont assez rares, même si les chanteurs du gharana d'Agra (Faiyaz Khan, Sharafat Hussain Khan) avaient l'habitude de chanter des Jhinjotis qui pouvaient durer plusieurs heures. Ce n'était pas le cas dans le concert de Rajan et Sajan Misra.

Chanter Jhinjoti à la suite du raag Bihag est un choix courageux car établir l'esprit de Jhinjoti après Bihag n'est pas chose aisée. Pourtant, des les premières notes Jhinjoti est là. Suit une composition en rupak taal que je ne connaissais pas. Le sam tombe sur le G: P'D'SRM/G. Un court moment d'inattention (les fauteuils du Théâtre de la Ville ne sont pourtant pas si confortables que cela!) m'a empêché d'écrire plus de détails sur cette version en forme de berceuse bien réussie)

Le concert s'est terminé par raag Sohoni, le bandish est, je crois, bari bari jaoon murari mais je ne mettrais pas les mains au feu. C'était très court en tout cas. Court mais printanier car la composition chantait de Basant, le printemps. Malgré les quelques réserves le concert est très réussi, bien plus que le concert des deux frères en 2004 dont j'avais écrit une critique assez négative sur RMIC. Dans cette saison de musique hindoustani à Paris un peu décevante il s'agit sans doute du concert le plus riche.

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Le 11 mars 2006, Théâtre des Abbesses, Paris, Ustad Fateh Ali Khan accompagné par son fils Sultan Fateh Ali Khan, Allah Rakha au sarangi et Mohammed Adjmal au tabla.

 

Le concert commence bizarrement par un long solo au sarangi. Alla Rakha est aujourd'hui un des derniers maîtres de cet instrument au Pakistan et force est de constater que le niveau a beaucoup baissé. Est ce l'age, le manque de pratique? Enfin, l'instrument était désaccordé et la musique, raga Kirwani, sans grand intérêt. Quelques taans dans le style de Bundu Khan mais c’était vraiment pauvre.


Ustad Fateh Ali Khan descend en droite ligne des fondateurs de la gharana de Patiala dont est issu également Bade Ghulam Ali Khan, un des grands chanteurs du 20 siècle. Fateh et son frère Amanat Ali Khan ont fait une carrière plus modeste, dans l’ombre de l’autre grand duo du Pakistan : Salamat et Nazakat Ali Khan. Fateh Ali Khan est depuis la mort de son frère un des derniers détenteurs d’un répertoire unique, de ragas rares et de compositions très anciennes.
La déception est d’autant plus grande. On entend toujours les mêmes raags : Megh, Malkauns, Yaman, avec toujours les mêmes compositions. Arrivé au soir de sa vie il pourrait enfin faire entendre les secrets de son gharana.
Ce soir donc il présente raag Yaman, un alap très court suivi par une composition en vilambit ektal : mora piya, composition chantée souvent. Les sargams sont bien faits et la construction est maîtrisée mais l’ennuie s’installe rapidement. Le fils qui accompagne a l’air d’avoir une voix bien travaillée mais assez limitée, surtout dans les aigus. Suit un tarana en tintal, sur un tempo assez rapide. On s’attend à une démonstration de taans dans la grande tradition de Patiala mais on attend en vain. Peu de gamak taans non plus. Non, tout s’arrête après une demi heure.
Le deuxième raag est un thumri Khamaj, encore une fois une composition archi connue. Le résultats est agréable à l’oreille mais on est très loin des Bade Ghulam Ali Khan et Barkat Ali Khan, les grands spécialistes du thumri dans la gharana de Patiala. Le concert termine par le raag Pahadi, more ange na qui, à peine commencé, termine déjà.
Non, pour avoir une idée de la richesse du gayaki d’Ustad Fateh Ali Khan il vaut mieux se tourner vers les enregistrements faits dans les années soixante et soixante dix avec son frère Amanat, deux LP malheureusement jamais réédités, et les archives mis en ligne sur le superbe site de Sarangi Info.

 


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